Langage et outil commun
Kinésithérapeute
Notre profession est en train de vivre des moments forts. Depuis la création du métier de masseur-kinésithérapeute 1946, il y a eu du chemin de fait avec le droit de prescription, l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes, une universitarisation en attente et une « auteurisation » qui stimule les recherches.
Sur le terrain, le regard des autres professionnels de santé se modifie avec, entre autre, l’utilisation de nouvelles technologies et l’écriture qui se fait quotidienne. Pour la rendre lisible par tous, pour la ranger dans des logiciels, l’institution risque d’uniformiser nos transmissions. Le chemin de l’écriture oblige le scripteur à s’inscrire dans des cases, au risque d’appauvrir cette écriture.
Le passage obligé du dossier partagé ne doit pas se transformer en filtre mais en prisme, pour continuer à offrir aux patients une pluralité dans les réponses apportées. Des contraintes, la chaîne d’écriture, permettent une meilleure lisibilité de nos pratiques. La parole tracée modifie les habitudes, les représentations. Laisser l’autre voir nos pratiques, notre savoir, notre identité. Ainsi, échanger c’est montrer de soi, n’allant pas de soi. Les valeurs professionnelles des masseurs-kinésithérapeutes sont en train de se modifier, créant de nouveaux savoirs professionnels, facilitateurs des recherches et émergence de preuves.
La communication n’est pas juste un outil de transmission d’information, c’est un élément de collaboration, et pas un simple descripteur de l’activité, véritable technique à appréhender comme un acte professionnel, ouvrant sur le collectif. L’écriture inscrit le professionnel dans l’institution dans un contexte. Elle rend visible l’activité au-delà des actes, voire même au delà des mots, elle peut éclairer la valeur ajoutée de l’action même.