Travaux et études du CNKS: un référentiel pour les masseurs kinésithérapeutes
Cadre de santé kinésithérapeute, Paris (75)
L’élaboration d’un référentiel métier relève de différents enjeux tous essentiels pour l’avenir de notre profession aussi bien que de l’ensemble des professions paramédicales.
- Enjeu pour la formation, sinon sur quelle base vont être élaborés les référentiels de formation ?
- Enjeu pour la VAE , sinon qui va déterminer les compétences acquises, celles qui restent à développer ?
- Enjeu pour l’évaluation des pratiques professionnelles et l’amélioration de leur qualité
- Enjeu, enfin, pour le développement des compétences
Cette nécessaire élaboration s’inscrit dans un contexte politique et socio économique en pleine évolution :
- un contexte européen avec la mise en place des accords de Bologne sur le LMD, la formation tout au long de la vie, la libre circulation des étudiants…
- un environnement socio-économique défavorable du point de vue de la croissance
- le développement d’une culture de l’évaluation, de la performance, du « benchmarking »
- une démographie professionnelle en baisse dans les années à venir
- le développement de la VAE et une centration sur les compétences
L’approche par les compétences amène à se poser la question de la référence. Comment peut-on distinguer une personne compétente d’une personne qui ne l’est pas ? La compétence peut être définie comme la mise en œuvre d’une combinaison de savoirs en situation. Elle nécessite que l’on possède un savoir agir, un vouloir agir mais aussi un pouvoir agir. Le savoir peut être acquis par la formation, le vouloir est lié à la motivation et le pouvoir au contexte. On retrouve là les composantes de l’autonomie et de la responsabilité telles évoquées par Emmanuel Kant. Le professionnel compétent est un professionnel responsable et autonome dans un champ d’exercice particulier et dans un contexte donné. Il s’agit alors, dans l’acte d’élaboration d’un référentiel métier, de déterminer à ce moment donné, dans ce contexte donné, le champ et les compétences qu’y y sont attachées.
A la compétence est reliée la performance. La performance procède du résultat alors que la compétence procède du processus. Si la performance est sous-tendue par la compétence elle n’en représente que la partie immergée et ne préfigure pas des possibilités de transférabilité. Les compétences, la manière dont les personnes mobilisent un système de ressources complexes dans un environnement en mutation constante conditionnent les performances qui sont elles, un enjeu économique majeur. Si les performances peuvent être évaluées par un organisme extérieur (HAS , certification ISO …), il nous semble que la détermination des compétences appartient aux professionnels eux-mêmes.
A l’idée de compétence se rattache également le principe de reconnaissance. La reconnaissance par les pairs, les bénéficiaires, les organismes de tutelle. Pour être reconnu il faut être connu. Si la qualification se donne à voir facilement au travers d’un cursus diplômant, la compétence procède d’une dynamique liée à l’individu (compétence vue comme un attribut du sujet), au contexte dans lequel il exerce et aux situations, en particulier, aux situations de travail faisant intervenir plusieurs acteurs.